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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 14:47

Les consommateurs potentiels sont estimés à environ 6 millions. Pour les géants de l’agroalimentaire,  ce chiffre mirobolant attise les convoitises et les investissements dans la viande halal. Il vous suffit de regarder désormais les rayonnages des supermarchés, les marques halal fleurissent. Un marché de niche, en pleine explosion et dont les spécialistes s’accordent à dire qu’il n’a pas encore pleinement atteint son potentiel.

 

Dans les années 90, le marché de la viande halal était un marché de « dégagement », les viandes sacrifiés selon le rite étaient souvent celle présentant une qualité moindre. La communauté musulmane trouvait des viandes halal dans les boucheries spécialisées. Un verset du coran prévoit le cas de fidèles musulmans vivant dans des pays non-musulmans, celui-ci les autorise à manger de la nourriture sacrifiée par « Les Gens du Livre » (juif et chrétiens).


Tout va changer avec la crise de la vache folle des années 2000. Les viandes européennes subissent un embargo, il n’y a plus d’exportations, les stocks augmentent, il faut évacuer le surplus avant que les prix dégringolent. De là certains industriels voient dans le halal une opportunité.  


Et c’est ainsi qu’une offre créée une demande. La consommation de halal explose ces dernières années. Beaucoup de musulmans déclarent ne consommer désormais que de la viande halal. Des consommateurs captifs d’un marché fabriqué (pour une partie du moins) de manière complètement artificielle et qui en plus les trompe régulièrement sur les certifications des produits.

 

C’est l’anarchie !

 

Le halal, c’est le règne de l’anarchie. N’importe qui peut appliquer une étiquette halal sur n’importe quel produit. Il n’y a pas de normes définissant les produits halal comme cela existe, par exemple, sur les produits biologiques. Pour prouver leur bonne foi auprès des consommateurs, les producteurs doivent valider leurs procédés de fabrication avec les grands organismes de certification qui existent sur le marché français. La Grande Mosquée de Paris, d’Evry, de Lyon ou encore AVS  sont quelques exemples de certificateurs.

 

Ils ne sont déjà pas d’accord entre eux et avec la communauté musulmane sur les « véritables » méthodes de production du halal (recours à l’électrolyse, présence ou non de certificateurs agréés pendant la production). De temps à autre quelques « scandales » viennent entachés l’image de l’un ou l’autre des certificateurs.

 

Ainsi, récemment le blog débat-halal a créé la polémique en publiant des résultats d’analyses portant sur les knackis de volaille Herta halal. Ces analyses révélaient la présence de traces d’ADN de porc dans les produits. Animal proscrit par l’Islam, la faute est grave et représente une tromperie de premier ordre du consommateur. Nestlé (propriétaire d’Herta) assure quand à lui avoir respecté les procédés mis en place avec la Grande Mosquée de Paris. Un coup pour le certificateur et pour le géant de l’agroalimentaire qui a récemment investi le secteur halal, alors même qu’il n’a aucun lien particulier avec cette religion (Herta est même plutôt célèbre pour ses fines tranches de jambon…).

 

Car c’est bien là l’enjeu. La nouvelle génération de musulman qui souhaite consommer halal est souvent jeune et active. Ils ont besoin de produits adaptés, simples et faciles à cuisiner. Des produits que les géants de l’agroalimentaire savent déjà faire.

Il ne leur restait plus qu’à ajouter un petit tampon halal sur les produits : c’est désormais chose faite.

 

A voir sur le sujet, le documentaire Les dessous du halal

 

Le livre de Florence Bergeaud-Blacker Comprendre le halal

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 15:22

Vendredi 26 novembre 2010. En une des deux grands quotidiens économiques français : http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:l-sHLuEZRZI1TM:http://www.gralon.net/articles/vignettes/thumb-les-echos---le-quotidien-d-information-economique-1450.gifl’immobilier.  La Tribune  titre sur « Immobilier le marché de tous les excès ». Les Echos évoque une « folle flambéee des prix des logements ». Les Zinfomanes en font la relecture.

 

Les articles partent d’un communiqué de la Chambre des notaires de Paris. L’information principale de ce communiqué est l’accélération, lors du troisième trimestre de 2010, des prix des logements. En Ile-de-France cette hausse est de
13, 8% contre 8,6%  en moyenne sur le reste de la France (Les Echos).

 

La Tribune parle de la « pénurie de logements (qui) fait flamber les prix à Paris ». Dans les colonnes de l’article le président de la Chambre des notaires de paris, Christian Lefebvre, met l’accent sur l’insuffisance de la construction de logements. Il est dommage que rien dans l’article n’évoque également l’importance des logements laissés vacants sur la capitale et qui participent à cette « pénurie »

 

Un second volet d’articles de La Tribune, traite la question des prêts actuellement proposés à des taux attractifs. Car c’est là le paradoxe qu’il faut souligner : les prix grimpent mais les transactions de vente augmentent. Une progression de 23% selon Les Echos par rapport au niveau de 2009 à la même période.

 

Mais cela se fait à l’avantage des « seconds acheteurs », c'est-à-dire les personnes qui revendent (avec une confortable plus-value), un premier bien pour investir dans un second. Le quotidien, La Tribune, tente un éclairage pour arbitrer entre un crédit à taux fixe ou un à taux variable. L’innovation financière qui a été récemment au cœur de l’actualité avec la fameuse crise  des subprimes. Un outil à utiliser intelligemment selon le quotidien. Plutôt adapté à des personnes qui anticipent une amélioration proche de leur situation financière (les anticipations sont au cœur des défaillances des marchés financiers). Un marché immobilier qui fonctionne, lui aussi à deux vitesses.

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 14:21

Philippe Askenazy (Ecole Normale Supérieure de Paris), Thomas Coutrot (Attac), AndréOrléan (CNRS) et Henri Sterdyniak (OFCE) sont quatre économistes à l’origine du "manifehttp://storage.canalblog.com/88/88/295434/57025015_p.jpgste des économistes atterrés " un texte critique vis-à-vis des politiques économiques néolibérales actuellement en vigueur en Europe. Ce manifeste tente aussi de proposer des solutions concrètes (pas si évident pour des économistes…). Le 9 octobre dernier, ils organisaient un colloque à Paris. Gros plan sur l’évènement économique de la rentrée.                                          

Le  manifeste s’organise autour de dix points. Les auteurs fustigent certains postulatsconsidérés comme acquis dans les décisions économiques actuelles. Marchés omniscients, source de croissance ou efficients, ces principes sont, bien entendus, illusoires. Il est aussi bon de rappeler que les prix fixés par le marché, et considérés comme "justes" de ce fait, ne sont qu’un jugement et ne constituent pas une prédiction sûre pour le futur. Bref, la science économique ne se prête pas aux prédictions. Les décideurs actuels jouent les apprentis sorciers au détriment des populations européennes et dans un mépris total des solutions alternatives disponibles.

Mais le principal intérêt de ce manifeste est son analyse de la situation d’endettement de la plupart des pays européens. Ainsi, l’envolée des dettes publiques des Etats s’analyse à la lumière de la conjoncture de ces dernières années. Les déficits se sont creusés du fait de la concurrence accrue entre les Etats pour mener à bien une contre-révolution fiscale. En gros, les pays offrent de plus en plus de cadeaux fiscaux aux moteurs de la croissance (entreprises, ménages à hauts revenus) alors même que cette croissance économique est en berne.

Autre intérêt du manifeste : rappeler l’importance des investissements en matière d’éducation et de recherche. Des facteurs incontestables de croissance sur le long terme. C’est toujours bon de s’en souvenir (en période de coupures drastiques dans les budgets ministériels).

Les auteurs préconisent 21 mesures. D’inspirations keynésiennes, celles-ci ne font pas l’unanimité auprès des signataires du texte mais présentent l’avantage d’être claires et concrètes. En vrac, accroître le niveau de protection sociale en passant par une réglementation européenne, plafonner la rémunération des traders, rendre transparent le calcul, par les agences de notations de la note des Etats (le traumatisme grec), contrôler les mouvements de capitaux et…taxer les transactions financières (la bonne vieille taxe Tobin).

Soulignons qu’une des mesures préconisées remettrait totalement en question les fondements économiques de l’Union depuis le traité de Maastricht : donner la possibilité à la BCE (Banque Centrale Européenne) de financer directement les Etats en difficulté. Certains crient déjà à  l’incitation à la mauvaise gestion. Les auteurs préfèrent souligner que cette mesure affranchirait les Etats des taux d’intérêts édifiants demandés par les marchés financiers lors d’émission d’obligations par un pays considéré "à risque".   

Les auteurs tirent une sonnette d’alarme et cherchent à recueillir le plus de signatures possibles. Mais dans quel but ? Les résultats attendus de cette action ne sont pas clairement énoncés. Autre critique : pourquoi maintenant ? Les constats dressés ne sont pas nouveaux, ils ne se sont certainement pas réveiller un matin hantés soudainement par la vision qu’ils nous livrent aujourd’hui. Ils ont au moins le mérite de rappeler aux experts leur fonction première : étudier les phénomènes économiques pour être en mesure de proposer des solutions pratiques et justes pour l’ensemble de la population. A lire, le bémol de Jean Gadrey, sur son blog d’Alternatives Economiques ; ce manifeste reste trop "croissantiste", à l’heure où la recherche d’une croissance continue dans tous les pays apparaît illusoire. 

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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 14:59

 Comment la solidarité s’exerce-t-elle en France aujourd’hui ? Le sujet de dissertation en http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:iJkbAf6VSGUkaM:http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/8/4/8/9782047298848.jpgsciences économiques et sociales au baccalauréat 2010 est peut être le dernier dans le genre. Le nouveau programme des futurs bacheliers ES, qui entrera en vigueur à la rentrée 2011, est vivement critiqué. Peu soucieux de la diversité de la sciences économiques et de ses relations avec la sphère sociale, il se tourne résolument vers le paradigme économique (toujours) dominant : l'économie de marchés. Avec 32%  des effectifs de bacheliers et une mixité rare entre des matières scientifiques (math) et celles dites humaines (histoires-géographie, SES), ce bac représente pourtant une formation intellectuelle solide et crédible pour les lycéens.
Le Communiqué de presse de l’APSES (Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales) du 23 juin 2010 dénonce un « Hold up sur les sciences sociales au lycée ». C'est aussi ce jour là que l'association s'est retiré de la commission d'expert chargée par le gouvernement de rédiger le nouveau programme des sciences économiques et sociales au lycée. Un retrait pour cause de « désaccord profond » avec le sorientations voulues. Le Communiqué de l'AFEP (Assciation française d'économie politique)  dénonce aussi un programme «qui accorde trop d'importance au fonctionnement théorique des marché parfait".  

 

Le nouveau programme SES tendrait donc à cloisonner cette science des autres sciences humaines. Dès le lycée, la réforme voudrait imposé l'économie en tant que science « dure ». Équilibre, optimum, formation des prix par la rencontre d'une offre et d'une demande au sein de marchés parfaits, un ramassis d'illusions enseignés à des jeunes en pleine construction intellectuelle sans aucune présentation des voies alternatives.

Interview avec Gilles Raveaud, membre de l'AFEP, et maître de conférence à l'université Paris 8.

Les zinfomanes : Ce programme ressemble fortement au parcours de licence en sciences économiques en faculté. Les deux premières années présentent le fonctionnement des marchés concurrentiels et la notion d'équilibre alors que les failles du marché (asymétries d'information et externalités) ne sont enseignées qu'en troisième année de licence. Qu'en pensez vous ?

Tout le problème est justement de se calquer sur l'enseignement à la fac qui est très mauvais. Il faudrait faire exactement l'inverse : s'inspirer à la fac de ce qui se fait en SES, c'est-à-dire : partir de questions et de problèmes et voir comment les résoudre. Au lieu de cela on part de théories (presque toujours d'une seule théorie) pour ensuite, ultérieurement et éventuellement, voir comment cette théorie "explique" les faits observés.

Le problème n'est pas seulement que les défaillances du marché ne soient abordées qu'en 3ème année. C'est surtout que la vision du marché proposée par la théorie néo-classique est très éloignée des marchés réels. Regardez ce qui se passe dans les banques, l'automobile, la grande distribution ou le commerce international. Où sont les marchés "parfaits" là-dedans ?

De plus, la vision du monde en termes de "marché" et de "rationalité individuelle" exclue - volontairement - les institutions. L'État, les banques centrales, et les entreprises (!) n'ont aucune place dans cette représentation du monde. Or, ce sont ces institutions qui façonnent le monde économique. Il faut donc les connaître, ce que permet(tait) de faire les SES, et ce que devrait faire les cursus universitaires, dès la première année bien entendu.

Par ailleurs, il est tout simplement impossible de comprendre le monde actuel si on ne connaît pas bien l'histoire économique et l'histoire de la pensée. La connaissance des crises et des systèmes économiques passés est un préalable nécessaire à toute connaissance du monde contemporain. Or ces enseignements, eux aussi présents en SES, ont disparu des cursus universitaires.

Les Zinfomanes : Comment expliquez-vous ce changement dans le programme? Le gouvernement cherche-t-il a « casser » un corps professoral et une filière souvent très critiquent à l'égard de ce dernier?

 

Il s'agit d'un double mouvement. Il y a d'abord une approche qui se veut "scientifique", et que je qualifierais plutôt de "scientiste". Les auteurs du programme sont (sincèrement) convaincus qu'il existe UNE "science économique", qui dispose d'une "boîte à outils" permettant de traiter n'importe quel problème. Logiquement, pour eux, il s'agit au lycée de préparer les étudiants à étudier en fac, en leur inculquant cette boîte à outils. Une critique de cette approche est qu'une minorité de lycéens SES poursuit en fac d'économie. Il n'est donc pas logique de les préparer à un cursus qu'ils ne vont pas suivre ! Par ailleurs, je suis en désaccord avec cette idée de "boîte à outils". Ils existent, au contraire, différents paradigmes qui utilisent différents concepts et qui n'ont pas d'équivalents dans les autres théories (l'exploitation chez les marxistes, l'institution chez les institutionnalistes, l'incertitude et la demande effective chez Keynes, l'efficience des marchés chez les néo-classiques, etc.).

Le deuxième mouvement est idéologique. Il s'agit pour le gouvernement de reprendre les propositions de l'Institut de l'Entreprise , qui milite depuis longtemps pour une "réhabilitation" de l'entreprise. Le gouvernement pense qu'il faut mettre le "marché" et "l'entreprise" au centre de l'enseignement, dans une logique visant à valoriser ces deux institutions que les programmes de SES analysent plutôt de façon critique. Ce qui est critiquable, c'est cette volonté de remplacer une idéologie supposée par une autre.

Ce qu'il faut, c'est avoir des programmes pluralistes, qui permettent la confrontation sérieuse des points de vue. Il existe différentes approches en économie, qui apportent des réponses différentes aux grandes questions de notre temps (chômage, inégalité, effets de la mondialisation, rôle de la finance et surtout environnement). Il ne sert à rien et il est malhonnête intellectuellement de masquer cette diversité aux lycéens. Il faut au contraire les amener à confronter des points de vue sur un même sujet, ce qui me semble être très intéressant d'un point de vue intellectuel et passionnant sur le plan pédagogique.

Aussi, il faut faire confiance aux enseignants, et admettre que tel enseignant donnera une orientation à son cours légèrement différente d'un autre - et tant mieux !

 










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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 10:13

L'euro en chute libre, le Portugal contaminé, une intervention du FMI , un plan de rigueur difficile, la Grèce est au cœur de l’actualité. Qui blâmer ? La mauvaise gouvernance dhttp://ec.europa.eu/avservices/avs/files/video6/repository/prod/photo/store/5/P007005006.jpge l'Etat grec depuis des décennies ? La corruption qui le ronge ? L'administration grecque lourde et coûteuse ? L'Union Européenne qui ne s’est pas dotée d’outils destinés à prévenir les défaillances de ses membres. ? Il est sûr que ce dernier point aurait dû être discuté. Comment envisager une Union monétaire sereine alors que chaque pays gère indépendamment ses finances ? En même temps comment amener les pays a accepté un degré de collaboration plus étroit qui menacerait la liberté de chacun ? La monnaie unique montre désormais ses limites.  Au lieu de prendre acte des conséquences, les gouvernements européens ont offert un florilège de réactions toutes désorganisées et angoissantes.

Certains Allemands y voyaient une occasion. Une petite île grecque au soleil pourrait devenir allemande et recouvrir quelques créances. La France jubilait. Le torrent grec a effacé complètement le problème de la dette publique française. Dette qui dépasse largement les autorisations officielles de Bruxelles.

Fin mars, le président Sarkozy annonçait un plan d’aide « juste au cas où ». Son but principal : rassurer les marchés et envoyer un signal fort. La zone euro ne laissera pas tomber l'un des siens. D'ailleurs Nicolas Sarkozy le dit tout simplement, il n'y en aura pas besoin, la confiance va revenir. C'était sans compter sur ces investisseurs, bien informés par ces déclarations, le pillage peut continuer, les copains refusent de prêter. Une situation intenable donc. Il faut désormais trouver 19 milliards avant le 19 mai. En attendant, la population grecque peut se préparer à des décennies difficiles.

Mais surtout le vrai problème n'a toujours pas été abordé. Les conditions d'encadrement du crédit aux Etats sont dérisoires et obscures. Certaines patries en faillite sont laissées en pâture aux magnats de la finance et à leurs instruments de tortures. Cette fois-ci, il s'agissait d'un pays de la zone euro. L'occasion de mettre à mal l'arrogance de zone monétaire « super forte et même mieux que le dollar » était trop belle. Ils ne l'ont pas laissée passer...

Une fois de plus les mécanismes implacables de l'économie de marché ont été redoutables. Les acteurs de la finance mondiale jouent selon leurs propres règles. S'il y a de potentiels profits, ils parient à la hausse et accordent les prêts salvateurs. Mais dès que le vent tourne les profits d'hier sont les pertes d'aujourd'hui. Les taux sur les obligations grecques sont exorbitants et les prêteurs parient désormais contre l’Etat méditerranéen. Il n'y a pas d'amis dans la finance ni d'ennemi non plus d'ailleurs, ce sont les possibilités de gain qui commandent les décisions.

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 11:44

La plus grande démocratie du monde tente une réforme qui a fait couler beaucoup d'encre. Le système de santé américain a déjà été vivement critiqué, ses injustices et les « oubliés » du système font l'actualité depuis des années. Personnes non couvertes, premiums d'assurance chers, couverture sélective, injustice, précarité, dettes des patients, les scandales ont nombreux. Dimanche 21 mars le Congrès américain a finalement voté une réforme du système de santé : l'Obamacare. Voulue par le président Obama depuis le début de son mandat, les deux chambres du Congrès multipliaient depuis des mois les amendements et les relectures. Un véritable parcours juridique du combattant. Les Républicains ont profité de la situation pour faire de la réforme de santé le point d'orgue de leur campagne anti-Obama. Leur argument? Une réforme qui coutera très chers aux contribuables déjà submergées de taxes. Il est clair que cette loi va au-delà du simple changement juridique. La réforme doit aussi se faire dans les mentalités. Mutualisation des risques versus responsabilités individuelles. Pour certains, la nouvelle mesure est digne des communistes de l'ex-URSS.


Qui paye?


C'est là où le bas blesse. Les critiques principales à l'encontre du projet soulèvent le problème du coût. Ce sera particulièrement les classes moyennes qui verront le coût de leur assurance augmenter. Les compagnies d'assurance devront proposées, sous la nouvelle loi, des packs santé plus larges et plus protecteurs. Les ménages moyens ne seront pas éligibles pour recevoir une aide de l'État et supporteront seul cette augmentation. De plus, l'élargissement des couvertures publiques Medicaid et Medicare demandera un effort financier de quelques milliards de dollars. Un effort a trouvé auprès des populations et des États. Beaucoup dans la société nord-américaine ne veulent pas payer pour les difficultés de leur voisin. Cette loi touche profondément les bases libérales des États-Unis.


La controverse sur l'avortement : un révélateur des mentalités


Le sénateur Démocrate Bart Stupak en a fait son cheval de bataille : lui et ses partisans ne voteraient pas une loi permettant de financer l'avortement avec des fonds publics. Ainsi en va-t-il des mentalités américaine, l'avortement est un meurtre, il est contraire à l'éthique chrétienne. Barack Obama a cédé. Une tactique, disent certains, pour assurer le vote de la réforme. Dans un pays où l'acte déchaine les passions et provoque d'importantes manifestations, rien d'étonnant. Le président a enfoncé une porte ouverte : les fonds fédéraux américains ne rembourseront pas l'avortement. La morale est sauve.

Pauline

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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 21:12

  http://visibility911.com/ford/wp-content/uploads/2009/11/goldman-sachs.jpg

9.5 milliards de dollars de revenus, un profit de 1.8 milliard de dollars en 2009. La banque d'investissement (devenue une holding à l'automne 2008 pour pouvoir profiter des aides du gouvernement américain) a traversé sans encombre la crise des subprimes. Elle parle désormais de distribuer les plus gros bonus de son histoire et fait depuis quelques semaines la une des journaux. « The Firm », son surnom à Wall Street, est accusée d'avoir favorisé l'aggravation de la dette grecque en lui consentant des prêts risqués et chers.

 

Créée en 1869 par Marcus Goldman et son gendre Samuel Sachs, la banque a traversé les décennies et les crises financières. Un article paru dans le numéro de juillet du magasine Rolling Stones épingle la multinationale. Dans « The Great American Bubble Machine », le journaliste Matt Traibbi dévoile que la firme serait impliquée dans toutes les crises financières majeures qui ont eu lieu après sa création de la Grande Dépression en passant par l'explosion de la bulle internet où les spéculations sur les marchés de matières premières. L'article a fait grand bruit aux États-Unis. Principalement car il met en lumière une arnaque que les contribuables américains ne peuvent laisser passer. La banque a profité des aides de l'État au plus fort de la crise, argent pris sur les taxes des contribuables, alors qu'elle a joué un rôle avéré dans le déclenchement de cette crise.

 

Retour sur les faits.14 septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite révélant à la planète l'étendue d'une crise financière grave, celle dite des subprimes, pur produit de la spéculation abusive caractéristique de la dérégulation des années 2000. A son bilan, les fameux « toxic assets », des créances insolvables diluées dans la complexité des outils financiers modernes. C'est la panique à Wall Street. Toutes les banques trouvent de ces merveilles au fond de leurs lignes comptables. S'en suit le fameux plan Paulson de sauvetage de l'économie. Il s'agit d'un paquet cadeaux de 787 milliards de dollars pour les entreprises (5,6 % du PIB américain), de la nationalisation des entreprises de crédit Freddie Mac et Fannie Mae et de la recapitalisation de géants mondiaux : l'assureur AIG et le constructeur automobile General Motors.

 

Lehman Brothers a donc pour sa part sombré. Aujourd'hui la banque se débat avec les détails judiciaire de sa liquidation et Goldman Sachs prospère, privée de son concurrent direct. Elle est désormais la seule firme experte dans le traitement d'opérations financières spécifiques sur les marchés des matières premières et de l'énergie. L'État a laissé Lehman Brothers faire faillite, sous la pression de Goldman, c'est en tout cas la conviction de nombres d'experts aux États-Unis. La connivence entre l'entreprise et le pouvoir politique est évidente, nombre d’anciens banquiers de Goldman Sachs sont dans les allées du pouvoir à Washington depuis plus de quinze ans. Goldman Sachs a dépensé en 2008, 29,6 millions de dollars en financements politiques divers et 43 millions en lobbying au Congrès. L'assureur AIG, quand à lui, devait 13 milliards de dollars à Goldman. Argent qui pu a être remboursé grâce aux prêts de l'État à l'assureur.

 

Prêts avantageux de la puissance publique, retour sur investissement au bon moment, chute du principal concurrent, Goldman Sachs a finalement traversé la crise du crédit en naviguant à vue au milieu de la tourmente. En avril 2008, elle rembourse les 10 milliards de dollars dûs à l'État et peut désormais reprendre sa politique de « big bonus » et s'assurer ainsi les services des meilleurs financiers et traders du marché. Les crises sont inhérentes au capitalisme se défendent les dirigeants de Goldman Sachs. Elles ont une fonction purificatrice, elles éliminent les « perdants », ceux qui font les mauvais choix. La firme serait donc une gagnante. Mais à un jeu sans arbitre où tout les coups surtout les plus tordus/rémunérateurs sont permis. Goldman Sachs assoit un peu plus à chaque crise son emprise sur la finance mondiale.

 

 

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 20:06

Chez les Z'infomanes, la Turquie on est fan! En plus, avec Istanbul capitale Européenne de la Culture en 2010, la Turquie c'est tendance! L'occasion de revenir sur un concept obscur qui a miné l'économie du pays pendant plus de trente ans : l'inflation.

http://www.mynews.in/News/dailyimage/news/1214291337532_inflation-rate-india.jpg


Un taux record de 120% d'inflation en 1994! Le début d'une grave crise financière dans le pays. L'inflation chronique reste dans la mémoire de la population turque. Beaucoup se souviennent des prix qu

i montent sans cesse. La monnaie nationale en vigueur avant 2005, la TL (Türk lirası ), voit son plus bas billet afficher le chiffre exorbitant de 1 000 000 TL, l'équivalent de 1YTL (la nouvelle livre turque). Mécanisme monétaire, l'inflation a des effets quotidiens tangibles, notamment sur les prix. L'inflation agit également sur le niveau de la dette publique, les taux de change ou les valeurs immobilières.


Suite au choc pétrolier de 1973 et malgré une place modeste du pétrole dans ses importations, la Turquie enregistre une dégradation de sa balance de paiement. L'écart devient rapidement insoutenable ouvrant la voie à trente années d'inflation chroniques à deux chiffres.

Élut président en 1989, Turgut Ozal lance un programme de réformes typiques des années 80, directement inspirées des Reagonomics américaines. Il dévalue fortement la monnaie locale. Les exportations turques deviennent donc moins chères sur le marché international, mais le prix des produits importés dans le pays augmente. Or la Turquie souffrait d'une hypertrophie de ses industries nationales. Elle consomme beaucoup de produits importés et le pouvoir d'achat se dégrade.


Dans le même temps l'état accuse un déficit public colossal. L'instabilité politique de la Turquie (coup d'État de 1980, vie politique agitée,......), affecte les finances. Les politiques populistes destinées à « séduire » les électeurs sont largement utilisées. En 1989, le gouvernement organise une libéralisation partielle du marché financier. Le but est de vendre à l'étranger les Bons du Trésor turc pour compenser le déficit d'épargne de la population turque.


Cette ouverture n'a pas vraiment séduit les acteurs de la finance mondiale. L'État turc était considéré comme instable et les créanciers demandaient des taux d'intérêt exorbitants. Excédée de la situation, en février 1993, le premier ministre Mme Tansu çiller stoppe le processus....et commence à financer le déficit par la « planche à billet ». La banque centrale, pas encore indépendante du pouvoir, crée donc de la monnaie et booste le mécanisme inflationniste. Pour la petite histoire cette ancienne professeur d'économie à l'université n'a pas p

u retrouver de poste dans une université turque après son mandat politique.


Après cette réforme le pays est entré dans une grave crise financière ayant entraîné la faillite du système bancaire turc en 2001. Un énième plan du FMI impose une profonde restructuration du pays. Des privatisations, l'amélioration de la politique fiscales, l'ouverture poussée à l'économie de marché, toutes les vieilles recettes libérales de l'institution mondiale sont (re)lancées. La fameuse indépendance de la

Banque centrale est établie à cette occasion, sa mission principale? La stabilité des prix. Autrement dit la lutte contre l'inflation. A partir de 2003 la Turquie connait une période de stabilisation de son économie. L'inflation désormais semble conj

uguée, mais le pays connait la croissance « molle ». Touchée par la crise, la population turque est toujours sous le joug d'un edette importante.


Le FMI a depuis démenti l'annonce. Mais la déclaration du premier ministre turc Tayip Recep Erdogan sur l'existence d'un accord avec l'institution internationale à l'avantage de la Turquie avait dopé dès le lendemain la livre turque face au dollars sur les marchés financiers. Preuve que les dirigeants turcs saisissent désormais parfaitement les mécanismes psychologiques de l'économie de marché...


L'histoire politique de la Turquie est agitée. L'ouverture prématurée à l'économie de marché a aggravé la situation industrielle et monétaire. Dans un pays où la structure publique constituait le principal moteur de l'économie (principal investisseur et important employeur), le FMI et le paradigme libéral ont poussé à une libéralisation trompeuse. La Turquie maitrise aujourd'hui son inflation, au prix souvent du développement.

source : Mr Seyfettin Gursel, professeur à l'université Galatasaray, Istanbul

Pauline

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 18:54

Pascal Lamy, lehttp://stephaneragot.free.fr/etplus/images/liens/omc.jpg directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce, garde l'espoir d'une conclusion des négociations dites du cycle de Doha en 2010. Il appelle les 153 membres à réserver la dernière semaine de mars 2010 pour les négociations. Commencées en 2001, ces négociations comportent des volets cruciaux du commerce mondial, l'agriculture, les services et la finance. Mais les tractations se déroulent dans une grande indifférence, les pays défenseurs du libre-échange semblent eux-mêmes se désintéressés de l’enjeu. 

Il faut dire que le monde évolue rapidement, la crise financière mondiale et surtout l'engouement pour la lutte contre le réchauffement climatique sont désormais sur le devant de la scène. L'administration d'Obama, par exemple, ne cache pas ses priorités : les négociations de Doha n'en sont pas. Le commerce mondial chutera de l'ordre de 9 à 12 % en 2010. Parallèlement, les pays en développements multiplient entre eux, les accords de libre-échange. Les pays riches ne sont plus les seuls débouchés économiquement viable et le changement ouvre des perspectives. A l'heure ou nos économies freinent des quatre pieds, la tentation protectionniste est grande. Les politiques ont, bien sûr, tournés très facilement avec le vent. Les grands idéologues du libéralisme d'hier sont les écolos pratiquants d'aujourd'hui.

Surtout les piliers de la contestation altermondialistes d'hier, se voient aujourd'hui comme les pionniers du l'économie "verte". Il est vrai que tout est lié. Le nouveau modèle sociétal proposé englobe ces différents aspects, le commerce mondial est lié aux nouvelles problématiques écologiques. Le sommet de Copenhague a donné lieu à des manifestations spectaculaires et déterminées. Partout des initiatives sont venues alertées les opinions publiques sur l’urgence de la situation. La répression de ces manifestations était à la hauteur des affrontements entre policiers et manifestants lors des sommets de l’OMC.

L'organisation de Genève n'a donc plus la côte auprès des contestateurs professionnels, malgré l’ampleur de ces négociations et l’imbroglio politique à l’œuvre en leur sein.

 

 

Pauline

 

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 18:31

Bien immatériel apparenté à un « bien public ». L'information est fugace. Elle nécessite de la rapidité dans sa diffusion et sa production. Chère à produire et, à contrario, peu chère à reproduire, son principal intérêt, sa « valeur ajoutée », réside dans son originalité, sa richesse ou sa nouveauté.


La presse quotidienne généraliste : un modèle économique en déclin.


Vendredi 27 novembre 2009, une grève paralyse les rédactions du Parisien-Aujourd'hui en France, les journaux ne sortiront pas en kiosque. Les journalistes protestent contre la planification d'une série de plans sociaux dont un premier, prévoyant le départ de 35 salariés du groupe Amaury. Cet exemple illustre la situation de crise qui touche actuellement la presse quotidienne généraliste.


Le secteur est dominé par des groupes de presse : groupe la Vie/Le Monde, Bolloré médias, Lagardère média, Socpresse. Puissants, ces groupes verrouillent le marché, empêchant l'entrée d'outsiders, et observent une nette tendance à la concentration. Il s'agit d'un fonctionnement en oligopole reposant sur des ententes tacites visant à préserver une « rente de situation ». Dans ce contexte, un mimétisme dans les contenus, les méthodes, les « angles » abordés, se met en place. Ces « crispations monopolistiques » empêchent ces médias de s'adapter ou de se renouveler. D'autres paramètres amplifient la crise des médias : désaffection du lectorat, essor de l'internet, baisses des recettes publicitaires dans un contexte de crise, concurrence de la presse gratuite.


Le modèle économique demande à être repensé à la lumière des évolutions technologiques des dernières années.


Un nouveau modèle à inventer.


Les journaux français n'ont pas su prendre le virage du numérique. Le Monde n'a proposé une version numérique du journal, agréable et ergonomique, qu'à partir de l'année 2006. A titre de comparaison le New York Times avait misé sur le complémentarité entre version papier et numérique dès la fin des années 1990.


L'innovation est une composante essentielle du dynamisme d'une industrie quelle qu'elle soit. Internet a ouvert des perspectives. Mais le réseau mondial fait aussi peser de nouvelles contraintes sur l'industrie de l'information. La profusion et la gratuité attaquent directement les ressources financières du journalisme traditionnel.


« Pour un quotidien ne vivant que de la publicité en ligne, un lecteur sur web rapporte dix fois moins qu'un lecteur sur le papier (si ce n'est que les premiers sont toujours plus nombreux et que les seconds disparaissent). Pour un journal comme le «New York Times», si l'on réduisait tous les coûts (technique, personnel) liés à la production physique du quotidien pour ne garder que l'édition en ligne, la publicité rapportée par celle-ci ne couvrirait même pas le quart des coûts éditoriaux! Cela pour un site qui enregistre plus de 20 millions de visiteurs uniques par mois... » Frédéric Filloux, ancien rédacteur chef de Libération.


Journalistes versus blogueurs, quantité versus qualité, le débat ne se pose pas en ces termes. Des gisements d'informations s'offrent à n'importe quel internaute, mais une utilisation éthique et responsable des nouvelles techniques de collectes et de diffusion sont nécessaires. Le journalisme, plus que jamais, doit se réinventer. Certains professionnels proposent des réflexions intéressantes sur l'avenir de la profession. Alain Joannès et son plaidoyer pour un travail en « rich media », est un exemple. La question à se poser est : que vient chercher un lecteur sur internet, une information « sèche », une explication, des détails, des images ? Le multimédia permet de proposer des thèmes et dossiers complets.


Le même raisonnement peut s'appliquer à le presse écrite. Celle-ci ne peut disparaître complètement. Il y aura toujours de la place pour une version « matérielle » de l'information. La vie des individus « hypermodernes »  est de plus en plus reliée à la technologie numérique. Mais l'aura du bon vieux journal reste . Elle ne peut rester la copie des contenus délivrés gratuitement à la TV ou à la radio. L'enrichissement des contenus apparaît comme une solution.


Une différenciation poussée peut relancer l'intérêt du public, cela se vérifie avec le succès de la presse spécialisée. Proposer des contenus originaux et fouillés n'est il pas un des premiers plaisirs des professionnels de l'information. Le conformisme de la presse la discrédite, surtout cela témoigne d'une absence dramatique de liberté d'expression au sein du « quatrième pouvoir ».


Pauline.




 

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