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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 14:47

Les consommateurs potentiels sont estimés à environ 6 millions. Pour les géants de l’agroalimentaire,  ce chiffre mirobolant attise les convoitises et les investissements dans la viande halal. Il vous suffit de regarder désormais les rayonnages des supermarchés, les marques halal fleurissent. Un marché de niche, en pleine explosion et dont les spécialistes s’accordent à dire qu’il n’a pas encore pleinement atteint son potentiel.

 

Dans les années 90, le marché de la viande halal était un marché de « dégagement », les viandes sacrifiés selon le rite étaient souvent celle présentant une qualité moindre. La communauté musulmane trouvait des viandes halal dans les boucheries spécialisées. Un verset du coran prévoit le cas de fidèles musulmans vivant dans des pays non-musulmans, celui-ci les autorise à manger de la nourriture sacrifiée par « Les Gens du Livre » (juif et chrétiens).


Tout va changer avec la crise de la vache folle des années 2000. Les viandes européennes subissent un embargo, il n’y a plus d’exportations, les stocks augmentent, il faut évacuer le surplus avant que les prix dégringolent. De là certains industriels voient dans le halal une opportunité.  


Et c’est ainsi qu’une offre créée une demande. La consommation de halal explose ces dernières années. Beaucoup de musulmans déclarent ne consommer désormais que de la viande halal. Des consommateurs captifs d’un marché fabriqué (pour une partie du moins) de manière complètement artificielle et qui en plus les trompe régulièrement sur les certifications des produits.

 

C’est l’anarchie !

 

Le halal, c’est le règne de l’anarchie. N’importe qui peut appliquer une étiquette halal sur n’importe quel produit. Il n’y a pas de normes définissant les produits halal comme cela existe, par exemple, sur les produits biologiques. Pour prouver leur bonne foi auprès des consommateurs, les producteurs doivent valider leurs procédés de fabrication avec les grands organismes de certification qui existent sur le marché français. La Grande Mosquée de Paris, d’Evry, de Lyon ou encore AVS  sont quelques exemples de certificateurs.

 

Ils ne sont déjà pas d’accord entre eux et avec la communauté musulmane sur les « véritables » méthodes de production du halal (recours à l’électrolyse, présence ou non de certificateurs agréés pendant la production). De temps à autre quelques « scandales » viennent entachés l’image de l’un ou l’autre des certificateurs.

 

Ainsi, récemment le blog débat-halal a créé la polémique en publiant des résultats d’analyses portant sur les knackis de volaille Herta halal. Ces analyses révélaient la présence de traces d’ADN de porc dans les produits. Animal proscrit par l’Islam, la faute est grave et représente une tromperie de premier ordre du consommateur. Nestlé (propriétaire d’Herta) assure quand à lui avoir respecté les procédés mis en place avec la Grande Mosquée de Paris. Un coup pour le certificateur et pour le géant de l’agroalimentaire qui a récemment investi le secteur halal, alors même qu’il n’a aucun lien particulier avec cette religion (Herta est même plutôt célèbre pour ses fines tranches de jambon…).

 

Car c’est bien là l’enjeu. La nouvelle génération de musulman qui souhaite consommer halal est souvent jeune et active. Ils ont besoin de produits adaptés, simples et faciles à cuisiner. Des produits que les géants de l’agroalimentaire savent déjà faire.

Il ne leur restait plus qu’à ajouter un petit tampon halal sur les produits : c’est désormais chose faite.

 

A voir sur le sujet, le documentaire Les dessous du halal

 

Le livre de Florence Bergeaud-Blacker Comprendre le halal

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