Le Qatar sera, c'est une certitude, « the place to be » de l'évènement sportif dans les prochaines années. Ce petit pays de 1,7 million d'habitants, accueillera la coupe du monde de football, rien que ça, en 2022, et les championnats du monde de handball en 2015. Un programme chargé pour un territoire à peine plus grand que la Corse. Pourquoi le pays du Moyen-Orient paraît-il élu pour « l'ouverture du sport au monde » ?
Sepp Blatter, le Président de la FIFA, dévoile le pays organisateur de la coupe du monde de football en 2022...(photo Reuters)
Bertrand Gille, un des « Experts » récemment sacrés champion du monde de handball, ne fait que confirmer une certitude. Un gros événement sportif ne peut-être accueilli dans un pays qui ne présenterait pas de solides...garanties financières. Et de ce point de vue, la Qatar est en pôle position. Évidemment, la puissance financière et pétrolière du Moyen-Orient promet des évènements spectaculaires, à renfort d'artifices et de démesure. Mais de là à justifier le choix du Qatar par l'envie "d'ouvrir le sport au monde", il n'y a qu'un pas que la FIFA n'a pas hésité à franchir. Même son de cloche pour la fédération internationale de handball. Le Mondial au Qatar, c'est le moyen de sortir de l'Europe pour développer le hand. Mais pourquoi ne pas attendre la candidature de l'Argentine, ou des pays du Maghreb, régions dans lesquelles le handball est en réel développement ? Après quatre éditions sur le vieux continent, le hand devait appremment prendre l'air d'urgence...
Pas évident de dégager une culture footballistique, encore moins handballistique, au Qatar. Avec une équipe de football 90ème au classement FIFA, jamais qualifiée pour une coupe du monde, le Qatar voudra pourtant briller dans SA coupe du monde. Sans faire preuve de pessimisme exaggéré, la performance semble difficilement réalisable sans l'aide de joueurs étrangers. Les mouvements de naturalisations seront intéressants à observer durant les quelques années précédant l'évènement. Bon nombre de joueurs, de Franck Leboeuf à Christophe Dugarry, en passant par Marcel Desailly pour ne parler que des Français, ont terminé leur carrière au Qatar à la recherche d'une pré-retraite dorée. D'autres pourraient aller plus loin et se faire naturaliser. Sur les forums, des joueurs de football, notamment africains, cherchent ouvertement des renseignements sur la nationalité qatarie, avant de tenter l'aventure.
L'art du lobbying made in Qatar
Mais il ne manque pas que des joueurs au Qatar. Peu d'hôtels, ni de moyens de transport, autant d'inconvénients qui auraient éliminer n'importe quel autre candidat. Mais la candidature arabe a sorti son atout, ou plutôt son chéquier. Zidane comme ambassadeur, et c'est le dossier qui prend de la valeur. Quand Zizou estime « que le foot appartient à tout le monde » et qu'il est temps « de donner la coupe du monde au Qatar », c'est le monde du foot qui écoute. Dans l'affaire, le champion du monde tricolore aurait empoché pas moins de 11 millions d'euros...Les stades de foot, véritables kits démontables, construits pour l'occasion en plein désert, seront certainement remplis par les spectateurs européens et asiatiques voisins avant d'être « offerts » aux pays en voie de développement. Des stades ultra-modernes, ultra climatisés pour permettre le jeu en plein été, sous quarante degrés. Vive l'écologie !
Vous me direz, pourquoi toujours s'aligner sur les standards occidentaux, et jouer forcément la coupe du monde en été ? Jouer l'hiver éviterait au passage les multiples annulations de rencontres en Europe à cause d'un froid dévastateur. Mais que ce soit pour l'arbitrage vidéo, ou le calendrier, difficile de faire bouger les institutions du sport le plus pratiqué et suivi de la planète. En hand aussi, le lobbying est un art que les candidatures, notamment françaises, ont souvent oublié. Amer, le président de la fédération française de handball Joël Delplanque, a regretté que ce ne soit pas « le meilleur dossier qui ait gagné ». Il existe bien un gouffre entre la qualité d'un dossier, et la capacité à bien le vendre. A coup de promesses appuyés pas des moyens financiers colossaux, le Qatar a su convaincre, et promet qu'à défaut d'amateurs de hand sur son territoire, son réseau aérien saura permettre le remplissage des stades et gymnases, tout un programme...
Au carrefour des continents asiatique et européen, le Qatar s'est en tout cas offert le meilleur vecteur de communication internationale : le sport. Un pays qui pourrait, qui sait, bousculer ses restrictions et ses retards démocratiques pour embellir son image aux yeux du monde.
Adrien Godet