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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 14:21

Ce mois-ci j’ai lu pour vous, L’insurrection qui vient du comité invisible.l--insurrection 

Forcément un titre pareil ça attise la curiosité. Ça y est, je suis sûrement fichée aux renseignements généraux, le GIGN ne va pas tarder à débarquer chez moi, mon compte bancaire épié, ma ligne téléphonique sur écoute et ceci est peut-être mon dernier article.

Mais alors pourquoi tant de polémique autour de ce livre et la fameuse affaire Tarnac? Vous savez les jeunes, dont julien Coupat, accusés et emprisonnés pour le sabotage de lignes TGV dont il est fort probable qu'il soit l’auteur de ce livre.

Alors contient-il vraiment les clés de l’insurrection sociale lancinante?  Est-il aussi dangereux qu’on le prétend?

Attention mesdames et messieurs nous allons tenter de comprendre comment un collectif imaginaire se fait le témoin d’une pensée grandissante et de bruits de couloir, comment ce petit livre a fait trembler les gouvernements jusqu’en Amérique. Je m’attacherai ici plus à vous présenter les idées qu’à les débattre afin de vous transmettre des informations que vous seuls, dans toute votre liberté de penser, déciderez d’interpréter, dans un souci d’élargir les débats évidemment, sans prétention de pouvoir y répondre.

 

Vidéo de la chaîne Fox News présentant le livre comme dangereux pour le monde occidental :

 

 

 

Le livre commence avec la devise punk « le futur n’a plus d’avenir » exprimant le vide politique dans lequel nous sommes, que notre simple acte de voter n’a plus de sens, que la société même est vide de sens par ce que nous ne savons plus communiquer entre nous que par le biais des médias. Que l’absence de langage commun nous désolidarise sur des thématiques importantes de notre quotidien ensemble, les retraites, la précarité, les jeunes, la violence. Le comité nous propose sept cercles de réflexions, jetons-y un oeil.

 

 Le premier cercle est une critique du Moi (« I am what I am ») construit sur les normes d’une société consumériste qui tend à personnaliser la masse, un Moi virant schizophrénique selon les auteurs par le fait que toutes les conditions de vie, de travail, de malheur sont individualisées et que cette identité se construit sur des dépendances standardisées. « Nous ne sommes pas déprimés, nous sommes en grève », la grève générale commencerait-elle par celle du Moi ?


 Le deuxième cercle est une critique des interventions policières soutenues par les médias qui n’offrent comme seule réponse aux souffrances sociales, la violence (comme par exemple lors des émeutes de banlieues en novembre 2005), une critique de la politique d’immigration dans un pays  dont « l’histoire est celle des colonisations, des migrations, des guerres, des exils, de la destruction de tous les enracinements », une critique du système scolaire français basé sur le mérite et qui fait de notre vie un concours permanent, un constat de l’éclatement de la cellule familiale mais qui pour les auteurs sera source d’une « nouvelle expérimentation de masse sauvage », un nouveau lien social. Enfin le chapitre est conclu avec des exemples d’actes autonomes : « apprendre à se battre dans la rue, s’accaparer des maisons vides, ne pas travailler, s’aimer follement, voler dans les magasins », perso je vais juste garder s’accaparer des maisons vides et s’aimer follement !


 Le troisième cercle est un invitation à lutter contre le « règne du travail », c’est-à-dire « de se faire rémunérer non pour ce que l’on fait, mais pour ce que l’on est », contre « la mobilisation » qui considère le Moi comme un objet de travail et qui nous impose le travail comme la seule façon d’exister et de concevoir le monde.


 Le comité invite dans le quatrième cercle à reconsidérer la métropole comme un territoire « de guerre », territoire qui n’aurait plus d’identité (campagne/ville, populaire/bourgeoise) dans cette abondance de flux d’informations, d’hommes et de marchandises ; et a en reprendre possession en retournant ses « armes » contre elle-même, téléphone, Internet, pour s’organiser contre le contrôle permanent, la surveillance. « L’urbain est plus que le théâtre de l’affrontement, il en est le moyen ».


 Cinquième cercle : « Moins de biens, plus de liens ! ». « Ce n’est pas l’économie qui est en crise, c’est l’économie qui est la crise ». L’économie est une politique qui a désintégré les liens sociaux et même ceux qui paraissent les plus réformateurs, les décroissants, sont dans l’erreur de vouloir la recycler et le retour au passé n’est pour le Comité qu’une vaste mascarade. Il ne nous aura pas trompé dans ses intentions émises dans le titre, le malheur sans cause ni raison n’étant plus supportable, « le chaos tant annoncé sera l’occasion de ce tri, ou notre victoire sur ce détestable projet », eh ben dis-donc tout un programme, aliénation ou chaos, entre les deux mon cœur balance... pourtant le titre du chapitre me plaisait bien.


 Sixième cercle : « L’environnement est un défi industriel ». L’idée soulevée dans ce chapitre est au fond de laisser plus ou moins la situation se dégrader, de laisser les « dysfonctionnements » se montrer, seule issue pour retrouver une nouvelle forme de solidarité et d’humanité par l’autogestion. Notre monde serait tellement incapable de se remettre en question profondément que seul un choc violent et des situations catastrophiques pourraient nous amener à définitivement changer, à retrouver la réalité, à recréer les liens entre les être et entre les lieux. Car la catastrophe « nous concerne peut-être mais elle ne nous touche pas. Et c’est bien la catastrophe ».  L’écologie n’est pour le Comité qu’un nouveau produit marketing servant le Capital, « un capitalisme vert », qu’un nouveau moyen de nous tromper, de séparer les riches des pauvres, de nous culpabiliser un peu plus pour mieux nous rendre obéissant.


 Le septième cercle traite de la civilisation qui serait, tout comme la liberté et la démocratie, plus que l’ombre d’elles-mêmes, ramenée « à l’état d’hypothèses » pour servir la manipulation de masses et les idées sécuritaires et nationalistes de l’Etat.


Alors oui, la seconde partie du livre est clairement un petit manuel de comment organiser l’insurrection. Elle définit les bases de l’autogestion par la création de communes contre toutes les autres formes d’organisation pré-existantes, autant les partis ou les syndicats mais aussi la famille et l’école, par l’élaboration de réseaux d’entraide à un niveau local et de communication parallèles à ceux de l’Etat, par une réappropriation des connaissances (de la médecine au bricolage), une description des techniques (RMI, arrêts maladie...) à utiliser pour libérer du temps précédent une autogestion complète libérée de l’argent, présente également des techniques de sabotage... Le Comité incite explicitement à « l’autodéfense » par l’armement contre la violence physique et symbolique des forces policières et de l’Etat, mais dont l’usage serait soit-disant « superflu », on a du mal à l’imaginer quand même !


Je ne cautionne en rien cette démarche, alors même si il n’est pas surprenant de retrouver cette idée dans un essai révolutionnaire, cela entache les éléments d’une analyse socio-politique qui amenait à des questionnements intéressants. Je reste néanmoins convaincu qu’il est nécessaire d’élargir ses connaissances, de comprendre d’autres points de vue, de diversifier ses sources d’informations comme j’essaye de m’y atteler chaque mois pour vous.

 

 

 

Delphine Toussaint

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commentaires

M
<br /> <br /> Interressant que la drôle d'image des USA ont de cet ouvrage... Anarchique et violent certe. Danger réel? Peut-être s'il est prit comme vérité et non comme extrémisme fanatique.<br /> <br /> <br /> <br />
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