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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 12:05

 Booba, bon pied bon œil.

 

 

[ Texte: Pierre Ezouine ]

 

 

booba.jpg

   On le sait, Booba se porte bien. Installé à Miami  depuis bientôt deux ans, il caracole en tête des charts, enchaînant les disques d'or sur son label indépendant Tallac records (Son premier opus Temps mort  était paru sur le label indépendant 45 scientifique -ndlr), en recherche permanente de compétition pour rester le « number one » dans le rap français - « Tu veux t'assoir sur le trône? Faudra t'asseoir sur mes genoux. » -.

 

                             

 

 

                          Droits réservés

 

   Ellie Yaffa, aka (1) « B2O »,aka « le DUC de boulogne », aka« Saddam Hauts-de-Seine » et j'en passe, a quitté la France pour la Floride car elle ne lui inspire pas confiance, ne le reconnait pas pour ce qu’il est et ce qu’il fait. Il reste figé sur sa position de stigmatisé – « Les Noirs, [les Français] sont habitués à les voir balayer dans la rue, faire les poubelles, garder les enfants des plus riches. Ou chanter Saga Africa. Les Noirs, ils marchent pieds nus, ils dansent. Mais dès que tu commences à faire du business, oh la la... ».

Il avait effectué un séjour d’un an à Detroit lorsqu’il avait 15 ans où il se remémore que personne ne le regardait de travers, que sa tenue vestimentaire ne provoquait pas de réactions dédaigneuses, que sa couleur ébène n’était pas qu’un simple indicateur de ses origines étrangères…


Il est partisan du communautarisme, philosophie qui pour lui représente une force, un pouvoir, qui, exprimée de quelque manière qu’elle soit, aura une incidence pour d’éventuelles revendications.

Phénomène que l’on essaye à tout prix d’enrayer en France, reflet de l’endémie sociétale, allant à l’encontre des valeurs et des idéaux de la République.

 

 

 


 

 

 

Mais nous ne sommes pas là pour parler géopolitique. J’en reviens donc au sujet principal de cette chronique qui est la sortie du dernier opus de Booba : Lunatic.

 

B2OBA est un artiste à la longévité remarquable, avec plus de 15 ans de pratique dynamique, fort d’un travail sans relâche. Il acquiert depuis quelques années maintenant, une grande notoriété malgré son choix de ne pas être médiatisé à tout va. Ses promos sont succinctes et il ne fait pas le bonheur des journalistes… Sans fioritures, sans humour, sans humeur, il ne laisse rien paraître. C’est d’ailleurs ce profil de businessman qui occulte, avant tout, celui d’artiste.

 

Ses morceaux ne sont pas très répandus et la station Skyrock, la plus susceptible de les radiodiffuser, a largement censuré certains de ses hits (Booba aurait eu des différends avec le directeur de programmation de la station, Laurent Bouneau- ndlr).  De Lunatic -avec des collaborations notables au sein du collectif Time Bomb- jusqu’à sa carrière solo, riche aujourd’hui de 5 albums, il sévit depuis 1995.

Seulement voilà, après avoir quitté Lunatic  -je parle bien du groupe avec Ali, pas de l’album, il va falloir suivre ! -, il prend son envol («Simplement qu’les aigles ne volent pas avec les pigeons » Rats des villes).


Aujourd’hui, plus de trois semaines après sa sortie, Lunatic est 33ème dans les charts avec 70.000 ventes. Il a été premier pendant plusieurs jours. Manifestement, il est devenu le baromètre du rap en France (avec peut-être Rohff).

 

 


 

 

 

Bon, tout cela est le résultat d’une réussite et d’une  recette remarquable. Mais qu’en est-il du contenu de ce palet ?

0.9, le précédent, était déjà le reflet d’un virage artistique peu réjouissant. Alors ok, les productions sont toujours plus soignées, prises en charge par de nouvelles pointures telles que Martians production, qui ont déjà côtoyé et collaboré avec d’autres artistes renommés. Elles sont clairement influencées par celles de ses confrères d’outre-Atlantique, à la sauce « dirty-south » et « krump », qui sont des mouvements à l’origine du succès entre autres de Lil’ Wayne. B20 s’est d’ailleurs entouré des plus grands noms du rap U.S du  moment pour effectuer les incontournables features ( T-Pain, P-Diddy, Ryan Leslie…).  Donc on va dire que les bons condiments sont présents pour préparer le plat, mais il manque l’ingrédient principal pour un résultat harmonieux : les textes !!!

 

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                                                                                         Droits réservés

 


Autant les productions de ses deux premiers albums –Temps mort ; Panthéon - n’étaient pas aussi élaborées et peaufinées (et pourtant déjà percutantes), autant ses lyrics étaient des plus singuliers et uniques en leur genre, avec ses punchlines dont lui seul pouvait être l’auteur et qui l’ont intronisé à tout jamais parmi la crème des rappeurs français.


Beaucoup d’artistes ont reconnu son talent et sa plume, de Diam’s à Thomas Ravier (écrivain ayant fait un papier dans la Nouvelle Revue Française encensant Booba et le comparant à Céline) en passant par Benjamin Biolay. Cependant, il arrive qu’à force de notoriété, on finit par s’asseoir sur ses acquis et que par trop d’égo, l’inspiration en est altérée. C’est exactement ce qui est arrivé à B2O sur Lunatic. Le travail est flagrant, les clips sont toujours plus soignés, riche d’une réalisation avec Chris Macari aux commandes –réalisateur de génie devenu incontournable dans le paysage du rap Français- mais en ce qui concerne les textes, c’est une autre affaire.

L’autocélébration et l’égo trip sont des caractéristiques qui font parties intégrantes du rap mais ne sont distrayantes que lorsqu’elles sont dosées. Rappeler sans cesse qu’on est inégalable et que ce que produisent les autres sont de « jolis cacas », fait qu’on se lasse très vite. Alors on finit par constater que c’est aux dépens de véritables preuves de cette supériorité proclamée.

 

 

 

Mais je veux faire note de l’utilisation d’une technique que Booba fut le premier à employer dans le rap en France ; le bien nommé AUTO-TUNE !!!! Il l’utilisait déjà dans ses deux derniers albums mais la nouvelle tendance de notre rappeur, imitant la vague U.S, c’est de l’utiliser lors des refrains, et s’il vous plait en chantant ! Quand je dis « en chantant », c’est bien qu’il ne rappe plus mais utilise une mélodie vocale, ce qui dans le milieu du hip-hop contemporain n’a pour seul but que de toucher un  public plus large.

 

Alors « le biff », «  les tass’ », « le biz’ » et  « les grosses gammes » c’est bien, mais seulement quand le style est de mise.

Le DUC porte une couronne et connait son travail, peut être au détriment de l’originalité…

 

 


 

 

 

 

  Pour ceux qui n'aime pas le rap, encore moins le gangsta rap, je vous conseil de jeter un coup d'oeil aux lyrics de ses premiers albums. A défaut d'aimer le genre, on peut apprécier la plume.

  • http://www.abcdrduson.com/lyrics/lyrics.php?id=185
  • http://www.abcdrduson.com/lyrics/lyrics?id=189
  • http://www.paroles-musique.com/paroles-Booba-Mon_Son-lyrics,p1282

(1) "As Know As"

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